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La Protection sociale adaptative au Sahel

Dry season in Burkina Faso

Une série d’ateliers pour promouvoir un soutien efficace à des systèmes flexibles de protection sociale

Les pays du Sahel sont aux prises avec le changement climatique, l’insécurité alimentaire et les conflits armés, dont tous posent des risques existentiels pour leurs populations en majorité très pauvres. La Protection sociale adaptative offre une trajectoire pour affronter ces défis interdépendants et fournit un cadre consistant pour le dialogue politique et une action coordonnée avec les gouvernements nationaux.

Un marathon de sept ateliers intensifs en seulement trois semaines, lancé en janvier 2021 par le Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), a réuni virtuellement plus de 90 participants de la Banque mondiale, de l’UNICEF et du Programme alimentaire mondial – partenaires pour répondre aux besoins et promouvoir la résilience dans les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie et Niger). Ce qui les unit, ce sont leurs efforts pour appuyer la mise en place de systèmes de Protection sociale adaptative, une approche qui identifie et réduit les risques, et favorise la prévention en renforçant la résilience des personnes et des sociétés.

Dans son allocution d’ouverture à la série d’ateliers, Dr Maria Flachsbarth, Secrétaire parlementaire du BMZ, a confirmé que « la Protection sociale adaptative est devenue une approche importante pour l’Allemagne. » L’Allemagne contribue plus de 440 millions d’Euros à quatre grands programmes liés à la Protection sociale adaptative dans la région du Sahel, menés par ces partenaires multilatéraux. Le BMZ a initié cette série d’ateliers pour favoriser l’échange sur une vision et une action harmonisées en matière de Protection sociale adaptative dans ces pays. L’objectif est de soutenir les efforts de ces agences pour « parler d’une seule voix » et pour coordonner leurs actions dans le cadre du dialogue politique complexe qui est en cours entre les partenaires et les autorités nationales et régionales – littéralement « pour co-créer des systèmes en appui aux gouvernements nationaux », comme l’a formulé Mme. Kathrin Oellers, Chef de la Division de Politique démographique et Protection sociale du BMZ, dans ses remarques à l’atelier de clôture.

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La Protection sociale adaptative : faire le pont entre l’aide humanitaire et la protection sociale

Lorsque des catastrophes surviennent, les plus gravement touchés sont souvent laissés sans protection : les familles les plus pauvres ont moins de capacités pour se préparer ou faire face à des crises liées à l’alimentation, aux inondations, aux pertes de revenus ou à d’autres imprévus. Malgré des efforts accrus et des signes de progrès, répondre adéquatement à ces besoins dépasse la seule capacité financière ou organisationnelle des gouvernements. Dans de nombreux pays l’assistance « humanitaire » et « transitionnelle » sert à combler une lacune en soutenant les victimes à traverser un choc. Mais que faire quand – comme actuellement au Sahel – les crises et les chocs deviennent la norme plutôt que l’exception ?

 Le Sahel a été rendu de plus en plus fragile par les effets conjugués du changement climatique, entraînant la sécheresse, la famine et l’extrême pauvreté, qui à leur tour alimentent des réactions de désespoir telles la migration et les conflits armés, qui alimentent de nouveaux déplacements et appauvrissements. Dans ce contexte, la riposte doit également être conjuguée : la protection sociale ne peut pas fonctionner en autarcie, mais doit être associée aux efforts d’autres secteurs.

Avec sa vision globale et son approche pragmatique basée sur quatre Eléments constitutifs interconnectés (voir ci-dessous), la Protection sociale adaptative favorise de meilleurs liens entre les domaines de la Protection sociale, de la Gestion des catastrophes et de l’Adaptation au changement climatique, dont tous sont pertinents pour gérer les risques avant, pendant et après les chocs. Lier ces trois domaines peut faciliter des approches plus rapides, prévisibles, efficientes, responsables et durables, afin de fournir une couverture et un soutien complets et efficaces aux personnes touchées.

La Protection sociale adaptative est axée autour de la mise en place de systèmes durables sous la responsabilité des gouvernements nationaux. Cela implique une redéfinition de la « répartition du travail » avec les partenaires internationaux.

Les quatre Eléments constitutifs de la Protection sociale adaptative

La Protection sociale adaptative a pris de l’ampleur en tant que concept universel pour appuyer les pays à associer plusieurs secteurs afin de traiter les risques multidimensionnels de façon plus globale.

 Le cadre analytique de la série d’ateliers a été fourni par les quatre Eléments constitutifs identifiés pour la Protection sociale adaptative. Les participants – tant au siège des agences que dans leurs bureaux pays respectifs – ont été invités à réfléchir sur les forces identifiées, les défis rencontrés et la voie à suivre dans leur travail avec les pays en ce qui concerne :

1. Les arrangements institutionnels et les partenariats

2. Les programmes et les systèmes de fourniture d’aide

3. Le financement

4. Les données et les informations.

Ces Eléments constitutifs sont des thèmes transversaux et interconnectés qui peuvent aider les partenaires à réfléchir à travers les différents secteurs et à identifier là où ils ajoutent de la valeur, où se trouvent les lacunes, et comment séquencer les travaux pour construire un système de Protection sociale adaptative complet.

Qu’est-ce qui est ressorti de la série d’ateliers ?

Entre l’atelier de lancement du 19 janvier et l’atelier de consolidation du 10 février, cinq ateliers pays ont été organisés, réunissant les experts des différentes agences de chaque pays pour une réflexion approfondie sur la manière dont leurs programmes respectifs, individuellement et ensemble, font progresser la promotion de la Protection sociale adaptative dans le dialogue avec les partenaires nationaux. Leurs rapports lors de l’atelier de clôture ont conduit à un débat animé et au constat de tout ce que ces pays ont en commun. Les participants ont observé que des défis importants se trouvent au niveau de tous les Eléments constitutifs, mais que les Eléments No.1 (Arrangements institutionnels et partenariats) et No. 4 (Données et informations) contiennent des aspects clés pouvant constituer aussi bien des freins que des catalyseurs, tels le leadership gouvernemental, ou l’existence/inexistance d’une base commune de données. Les questions pratiques soulevées dans les rapports pays incluent entre autres le manque de registres sociaux et d’identifiants uniques tels les cartes d’identité.

Les équipes des cinq pays conviennent de l’importance d’ancrer la Protection sociale adaptative dans les politiques nationales en s’appuyant sur les systèmes existants, ainsi que d’y impliquer différents niveaux de gouvernement – la meilleure gage d’appropriation et de durabilité. Ils confirment également l’importance dans chaque pays de la mise en place d’un registre social fonctionnel, et interopérable avec les autres programmes gouvernementaux : Un registre social national à jour peut fournir la base la plus efficace et la plus équitable pour répartir le soutien international dont auront encore besoin ces pays.

Les participants ont souligné l’importance d’une coordination régionale à travers des organes existants tels que le Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS) et son système d’alerte précoce. Un autre exemple est l’Alliance Sahel fondée en 2017 par l’Allemagne, la France, l’Union européenne et d’autres partenaires multilatéraux et bilatéraux dans le but de promouvoir la résilience dans ces cinq pays.

Les participants estiment que les ateliers les ont aidés à harmoniser leurs points de vue sur la Protection sociale adaptative et à mieux se comprendre pour « parler d’une seule voix » afin de garantir que les mesures préconisées soient crédibles et durables, sous l’autorité des gouvernements nationaux.

La Protection sociale adaptative est un processus progressif et itératif

Dans leurs mots de conclusion, les organisateurs de l’atelier ont souligné que la Protection sociale adaptative doit être considérée comme un processus progressif et itératif. Les différentes approches pour amortir les chocs, les éléments du système et les outils harmonisés développés au niveau technique et opérationnel dans un contexte aussi fragile que le Sahel, doivent être complétés par un leadership national visionnaire pour être efficaces. Le dialogue avec les gouvernements doit viser une compréhension plus large de la protection sociale en général – et de la Protection sociale adaptative en particulier – dans le cadre d’un contrat social entre gouvernement et population.

Tous les partenaires ont convenu qu’une coordination soutenue entre les partenaires bilatéraux et les agences de mise en œuvre des Nations Unies est essentielle pour garantir que tous continuent à « parler d’une seule voix » en soutien aux politiques gouvernementales nationales. De même, le partage des expériences entre pays semble crucial, et les participants ont appelé de leurs vœux à organiser des réunions régulières pour poursuivre ces échanges.

À la suite de cette série d’ateliers, le BMZ prévoit de commander une étude majeure pour soutenir ce processus d’apprentissage commun, visant à optimiser les synergies entre les partenaires contributeurs, l’ancrage régional de la Protection sociale adaptative à travers l’Alliance Sahel et un dialogue qui soutient l’engagement et le leadership des gouvernements.

© iStock.com / Robert Ford
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